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Cerig | |
Vous êtes ici : Accueil > Technique > Mémoires > Valorisation de l'image environnementale de l'industrie papetière : actions, innovations, certifications | Révision : 06 mars 2009 |
Valorisation de l'image
environnementale de
l'industrie papetière : actions, innovations, certifications |
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Émilien ALLAIN et Aurélie COUHERT Élèves ingénieurs 2e
Année
Avertissement |
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Figure 1 - Coupe de bois illustrant ses différentes utilisations Source : Copacel - Le papier, c'est la vie |
Comme toutes les industries lourdes, l’industrie papetière souffre d’une mauvaise image auprès du grand public. Pourtant, la demande de papier ne cesse d’augmenter – 3% par an – depuis les années 1970.
D’après une étude réalisée au niveau européen en 2002 sur l’image des industries de la filière bois, l’industrie des pâtes et de la fabrication des papiers et cartons mal connue est affectée d’une image tenace d'industrie source de nuisances et d’atteintes à l’environnement. Un sondage a révélé que, pour les gens interrogés, le secteur le plus responsable de la déforestation est celui de la fabrication du papier face aux secteurs de l’ameublement, du bois de chauffage et de la construction.
Pourtant, les professionnels du bois s’attachent à préciser que la papeterie n’utilise que les déchets de scierie ou les bois de coupe d’éclaircie, comme l'illustre la figure 1. De fait, comme le montre le tableau 1, l’industrie papetière n’apparaît jamais comme le secteur utilisant le plus de bois, même sur la scène internationale.
Pays | Progression de la forêt | Principale utilisation | Parts dans l'industrie papetière |
AFRIQUE | - 0,8 % | Bois de chauffage | 1% |
AMÉRIQUE Nord et Centrale |
- 0,1% | Bois industriel Planche |
38,4% |
AMÉRIQUE Sud |
- 0,4% | Bois de chauffage Bois industriel |
4,2% |
ASIE | - 0,1% | Bois de chauffage | 26,1% |
EUROPE Nord et Centrale |
+ 0,1% | Bois industriel Planche |
28,8% |
OCÉANIE | - 0,2% | Bois industriel | 1,5% |
MONDE | - 0,2% |
Tableau 1 - Situation forestière et exploitation du bois dans le monde
Cette étude s’attache tout d'abord à faire le bilan en chiffres de l'industrie du papier en la comparant à d’autres matériaux et à d’autres industries. Puis, elle met en lumière les actions menées afin de redorer le blason de la papeterie. Enfin, l’environnement concurrentiel du secteur papetier et ses perspectives sont analysés.
Comparons les chiffres clés liés aux emballages fabriqués à partir de différents matériaux : papier carton, plastique, bois, métal et verre.
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Figure 2 - Part des différents matériaux
dans la production d'emballages Source : Sessi - L'industrie française de l'emballage en chiffres - Édition 2008 |
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Année 2007 | Emballages en matières plastiques |
Emballages en papier carton |
Emballages en verre |
Emballages en métal |
Emballages en bois |
Nombre d'entreprises | 290 | 278 | 18 | 57 | 216 |
Effectif au 31 décembre | 33 167 | 31 000 | 10 913 | 10 674 | 11 367 |
Chiffre d'affaires hors taxes | 7 178 M€ | 6 380 M€ | 2 347 M€ | 2 907 € | 1 922 M€ |
Exportations | 2 226 M€ | 840 M€ | 505 M€ | 916 M€ | 389 M€ |
Tableau 2 - Tableau
comparatif des chiffres clés
concernant
les secteurs de production des emballages par matériau
Source :
Sessi -
L'industrie française de l'emballage en chiffres - Édition 2008
Le papier carton occupe une place prépondérante dans le secteur de l’emballage. Il se situe soit à la première soit à la deuxième place dans les critères usuels de comparaison au sein d’un secteur : nombre d’entreprises, chiffre d’affaires, effectif et exportations. Au classement général, ce matériau tient le second rang derrière le plastique encore très répandu dans le monde de l’emballage.
Comme l'indiquent les figures 3 et 4, l’emballage papier carton est néanmoins le plus susceptible d’être recyclé ou valorisé. Cela en fait un matériau d’avenir car le recyclage et la valorisation des déchets sont des problématiques essentielles dans l’orientation actuelle vers le développement durable.
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Figure 3 - Taux de recyclage des
emballages de 2002 à 2006 par matériau Source : Sessi - L'industrie française de l'emballage en chiffres - Édition 2008 |
Figure 4 - Taux de valorisation des
emballages de 2002 à 2006 par matériau Source : Sessi - L'industrie française de l'emballage en chiffres - Édition 2008 |
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Comparons dans le tableau 3 les chiffres concernant les industries suivantes : industrie papetière (pâtes, papiers et cartons), industrie du travail du bois, chimie de base, façonniers de l'habillement et industrie manufacturière.
Année 2006 | Industrie papetière (pâtes, papiers, cartons) |
Industrie du travail du bois |
Chimie de base | Façonniers de l'habillement |
Industrie manufacturière |
Nombre d'entreprises | 105 | 869 | 300 | 135 | 19 130 |
Effectif salarié au 31 décembre | 23 926 | 58 135 | 60 150 | 5 970 | 2 682 166 |
Chiffre d'affaires hors taxes | 7 660 M€ | 10 038 M€ | 36 798 M€ | 157 M€ | 678 848 M€ |
Taux d'exportation | 53,9% | 18% | 44% | 6,6% | 43% |
Tableau 3 - Tableau
comparatif de différentes industries
Source :
SESSI - Dossiers sectoriels
L’industrie manufacturière représente des industries de transformation des biens, c'est-à-dire principalement des industries de fabrication pour compte propre. Toutes les industries présentées ici font donc partie de cette catégorie. La papeterie face à des industries comme la chimie de base ne pèse pas lourd en matière de chiffre d’affaires ou d’emplois générés. Cependant, il faut remarquer que les exportations dans le secteur papetier sont les plus importantes ce qui, en ces temps de mondialisation, est un avantage non négligeable.
L’industrie papetière est très concentrée : elle est organisée majoritairement en groupes de tailles plus ou moins importantes et les ¾ des entreprises appartiennent à un groupe). Le tableau 4 montre la force de l’industrie papetière française sur la scène internationale à travers ses groupes les plus importants.
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Tableau 4 - Performance des groupes
papetiers (CAHT = chiffre d'affaires hors taxes - VAHT = valeur ajoutée hors taxes Inv. = investissements) Source : Sessi - L'industrie papetière en chiffres - Édition 2008 |
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L’industrie papetière française à travers ses groupes
internationaux et nationaux représente près de 20% du
chiffre d’affaires mondial. Son chiffre d’affaires a augmenté de
0,9% entre 2005 et 2006 en dépit de la diminution de 3,7% de la valeur ajoutée.
Autre point fort du secteur du papier : sa conscience environnementale.
En effet, étant depuis longtemps la cible privilégiée des organisations
écologistes, ce secteur est devenu l'un de ceux qui réalisent le plus
d’investissements en faveur de la protection de l’environnement
comme en témoignent les chiffres du tableau 5.
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Tableau 5- Investissements de
l'industrie papetière pour la préservation de l'environnement Source : Sessi - L'industrie papetière en chiffres - Édition 2008 |
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La part de l’industrie papetière dans les investissements réalisés par les industries manufacturières pour la protection de l’environnement s’élève à près de 7%.
Production 2006
Pour terminer ce tour d’horizon en chiffres, le tableau 6 présente les valeurs de production en 2006 et la figure 5 schématise les flux en 2007 de l'industrie papetière française.
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Tableau 6 - Production de
l'industrie papetière française en 2006 Source : Sessi - L'industrie papetière en chiffres - Édition 2008 |
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Industrie papetière française en 2007
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Figure 5 - Industrie papetière française
en 2007 : flux (en milliers de tonnes) Source : Copacel - Rapport annuel 2007 |
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Voyons à présent les actions menées concrètement par l’industrie papetière pour se positionner comme une industrie engagée dans la voie du développement durable.
Le principal grief fait à l’industrie papetière est qu'elle serait responsable de la déforestation. C’est pourquoi l'une des premières mesures adoptée par les compagnies papetières a été en rapport avec leur matière première : le bois.
Au niveau international, il y a cinq grands systèmes de certification et de gestion durable de la forêt :
Qu’est ce que gérer durablement la forêt ?
"Gérer durablement sa forêt, c’est la mettre en valeur tout en préservant la
diversité biologique, sa productivité, sa capacité à se renouveler et son
potentiel pour les générations futures."
Les industries papetières ne sont concernées que par les certifications PEFC et FSC : étudions leurs similitudes et leurs différences.
Le système FSC est le plus ancien : il est apparu au début des années 1990 à
l’initiative d’Alan Knight, responsable des achats d’une société de bricolage.
Développé majoritairement en Amérique du Nord, il a rapidement été soutenu et
demandé par les organisations de protection de l’environnement telles que
Greenpeace, WWF et Amis de la Terre. Fin 2005, 60 millions d'hectares étaient certifiés FSC.
Toutefois, ce système bien adapté aux grandes surfaces
forestières des États-Unis ou du Canada ne correspond pas aux besoins des
propriétaires forestiers européens. En effet, la forêt
européenne est très morcelée et majoritairement privée. C’est pourquoi, en 1998,
ces derniers ont créé la certification PEFC qui a été adoptée bien au-delà des
frontières européennes puisqu’elle comptait, au début 2006, 200 millions d’hectares
certifiés et est aujourd’hui la plus répandue dans le monde.
Ces deux certifications ont des exigences quasi-identiques vis-à-vis des
compagnies qui exploitent le bois. Elles essayent de concilier questions
environnementales et réalités économiques et sociales. Elles ont d’ailleurs été
reconnues, dans une
résolution adoptée
le février 2006, par le Parlement
Européen comme des "instruments de marché qui cherchent à améliorer
l’information du consommateur quant à la qualité du point de vue environnemental
de la gestion forestière durable et à promouvoir l’utilisation de bois et
d’autres produits forestiers en tant que matériaux respectueux de
l’environnement".
Ces exigences sont listées dans le tableau 7.
PEFC | FSC |
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Tableau 7 - Tableau comparatif des exigences des certifications PEFC et FSC
Ces deux systèmes de certification se rejoignent sur les faits suivants :
En revanche, ils s’opposent sur le faits suivants :
Ces deux systèmes de certification s’opposent sur des questions politiques puisque le système FSC est soutenu par les organisations non-gouvernementales de protection de l’environnement (Greenpeace, WWF,…) tandis que le système PEFC a été créé par les industriels. Ces deux parties ont des intérêts financiers à voir le système qu’ils soutiennent se développer et l’autre s’effondrer.
Si les certifications permettent aux papetiers de garantir à leurs clients un certains nombre d’éléments concernant la matière première et l'exploitation durable des forêts dont elle est issue, les installations papetières sont également en elles-mêmes des preuves concrètes des efforts constants de cette industrie pour réduire l’impact de ses activités sur l’environnement.
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Figure 6 -
Station d'épuration à boues activées Source : Ademe - Organisation et fonctionnement d'une station d'épuration |
Il existe deux filières principales d’épuration des eaux : les filières physico-chimiques et les filières biologiques. Les deux sont souvent combinées pour assurer un bon traitement des effluents papetiers [Figure 6].
Les filières physico-chimiques utilisent des moyens physiques (décantation, flottation filtres et membranes) et/ou des produits chimiques tels que des coagulants ou des floculants. Elles sont utilisées pour certains effluents industriels dont les composés ne peuvent pas être dégradés facilement par des bactéries.
Les procédés biologiques, quant à eux, sont employés pour l’élimination des composés carbonés présents sous forme soluble tels que les sucres, graisses, protéines,… qui consomment de l’oxygène dissous dans l’eau lors de la dégradation et donc mettent en péril la survie des animaux aquatiques. Les traitements biologiques ont pour but d’éliminer la pollution organique soluble au moyen de micro-organismes hétérotrophes, des bactéries qui utilisent la matière organique comme source de carbone et d’énergie.
Leur rôle est double :
Ces deux filières peuvent donc être facilement combinées dans une papeterie puisqu'il faut traiter à la fois des composés organiques (la cellulose dissoute par exemple) et des effluents de couchage contenant des charges, des latex ou bien la lignine qui n’est pas biodégradable.
Exemple de station d’épuration : usine de Thonon
Les papeteries du Léman à Thonon-les-Bains sont spécialisées dans la fabrication
de papiers fins dont la production est d’environ 60 000t/an. Leur production
génère une liqueur noire contenant beaucoup de sels et de matières organiques
ainsi que les eaux du procédé provenant des étapes de défilage et de blanchiment
de la pâte. Il faut également y ajouter les effluents de couchage qui contiennent
surtout des fibres, des charges et du latex qui sont difficilement biodégradables.
Cette usine utilise un tout nouveau procédé qui consiste à précipiter la lignine
contenue dans la liqueur noire et qui élimine 35% de la teneur en matières
organique de cette liqueur. Il permet en outre de produire de la lignine
pure qui est ensuite réutilisée dans les colles, les polymères, les bactéricides
ou les liquéfiants.
Quatre étapes principales d’épuration des effluents de cette usine
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Figure 7 - Principe de
séparation par flottation Source : Papeteries du Léman - Extension station d'épuration usine de Thonon |
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Figure 8 - Principe de traitement
biologique par la technologie Biofor Source : Papeteries du Léman - Extension station d'épuration usine de Thonon |
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La station biologique repose ici sur le principe de l’épuration aérobie par biofiltre : réacteur biologique à bactéries fixées, à flux ascendant d’eau et d’air. Ce type de réacteur permet d’atteindre une très forte concentration en masse bactérienne active et donc, d’avoir un fort pouvoir épurateur tout en ayant un faible encombrement. De plus, on assiste en une seule étape à l’épuration de l’eau et à sa filtration.
Les Papeteries du Léman sont aujourd’hui totalement autonomes en termes de gestion de leurs effluents et ne dépendent plus de la station de la commune. Elles peuvent rejeter leurs eaux épurées dans la Dranse tout en respectant les instructions de l’arrêté préfectoral en termes de flux MeS, DCO, DBO. En outre, l'usine a pu augmenter sa production de pâte dont le facteur limitant était le flux de rejet en station d’épuration de la ville de Thonon.
Cet exemple illustre bien les efforts réalisés par les papetiers pour gérer complètement leurs effluents tout en respectant les lois en vigueur et en s’inscrivant dans une démarche d’amélioration de leurs installations en termes d’efficacité d’épuration par exemple.
Le principe de la cogénération est de produire à partir d’une
énergie primaire combustible, deux énergies secondaires utilisables : une thermique
et une électrique dans le cas d’une papeterie.
Le cas le plus fréquemment rencontré est celui de l’utilisation d’une turbine à
vapeur, c’est-à-dire une turbine qui va détendre une partie de la vapeur
produite par la chaudière de l’usine pour en faire de l’électricité.
La cogénération permet aux papetiers qui génèrent effectivement de très
grandes quantités de vapeur, de produire de l’électricité en cas d'excédent
de vapeur, ou bien d’adopter une stratégie d’autosuffisance énergétique.
Dans ce dernier cas, le papetier peut choisir de produire constamment de
l’électricité afin de couvrir ses besoins et peut-être de revendre l'excédent
éventuel au réseau.
La cogénération par turbine à vapeur [Figure 9] permet d'utiliser des sources d'énergie primaires variées : entre autres, les sources d'énergie diverses issues de la valorisation des déchets (déchets de bois dans les scieries ou déchets végétaux de l'agriculture).
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Figure 9 - Cogénération par turbine à
vapeur Source : Wikipedia |
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La cogénération est une formule réellement intéressante financièrement pour le papetier puisqu’il peut être totalement indépendant des fournisseurs d’électricité. De telles installations, bien que coûteuses, sont rapidement amorties comparativement aux besoins énergétiques d’une telle usine. De plus, elles sont incontestablement innovantes et respectueuses de l’environnement puisqu’il s’agit finalement de tirer parti au maximum de la vapeur produite et de porter le rendement énergétique global de l’usine à une valeur de proche de 90%.
La filière papier carton est l'une des filières qui recycle le plus
aujourd’hui [Figure 10]. Les fibres recyclées constituent une ressource aussi importante
que la pâte vierge : 50% des fibres utilisées aujourd’hui pour fabriquer le
papier sont des fibres recyclées.
La filière de recyclage-désencrage commence par la collecte et le tri des vieux papiers.
Plus le tri est efficace, plus le recyclage le sera par la suite.
En effet, le papetier a tout intérêt à recevoir des vieux papiers déjà
triés par sorte de façon à avoir a priori des caractéristiques comparables :
cela lui permet de recycler ces vieux papiers en papiers de même sorte.
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Figure 10 - Recyclage du papier Source : Copacel - Environnement |
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Ces vieux papiers subissent alors différents traitements dont l’ordre et la fréquence dépendent de la nature du papier produit et de son application future :
Les filières de désencrage rejettent des boues d’épuration
qui contiennent en grande partie des encres et le moins possible de fibres
et de charges. Actuellement, ces boues sont valorisées puisqu’elles
interviennent par exemple dans la composition de matériaux utilisés
pour la construction.
Ainsi, cette filière de recyclage-désencrage est aujourd’hui très au point
et pourrait fonctionner encore mieux si le tri était plus efficace.
Les papiers recyclés produits aujourd’hui présentent de très bonnes caractéristiques
mécaniques et sont de plus en plus utilisés dans des applications a priori
destinées à des fibres vierges : beaux livres, impression-écriture,... autant
d’applications qui font aujourd’hui l’apologie du papier recyclé et qui positionnent
l’industrie papetière comme l'une des plus performantes en matière de recyclage
de ses produits.
Avec les prévisions du futur épuisement des gisements de pétrole, l’idée d’utiliser les sous-produits de la papeterie pour produire du biocarburant prend tout son sens. En 2005, la France était le 5ème producteur de bioéthanol avec 2% du marché, loin derrière le Brésil et les États-Unis qui fournissaient près de 70% des bioéthanols.
La recherche avance dans le développement de la
bioraffinerie dans les usines de pâtes à papier. Ainsi le
Laboratoire Génie des Procédés Papetiers, à Grenoble INP-Pagora travaille
sur ce projet dans le cadre de l'Institut
Carnot Énergies du Futur.
"Ce projet consiste à valoriser les hémicelluloses qui seront extraites des
copeaux de bois utilisés pour la fabrication des pâtes papetières, au lieu
d’être brûlés dans les liqueurs de ces fabrications. L’extraction de ces
produits sera faite dans les installations des usines de pâtes. Il s'agit de
mettre au point un procédé d’extraction de ces produits, non dégradant pour la
cellulose, de transformer les hémicelluloses extraites en mélange valorisable,
permettant de fabriquer du bioéthanol par fermentation et éventuellement des
bioproduits. La production simultanée de pâte à papier, de bioéthanol et de
produits chimiques valorisables représentera une solution particulièrement
élégante pour améliorer la rentabilité des usines de pâte et obtenir des
produits organiques par une voie autre que pétrolière. L’avantage de ce concept
est qu’il sera appliqué dans une unité existante ayant déjà collecté la matière
première (bois) pour la production de fibres. De plus, l’extraction ne
nécessitera pas de modification importante de la chaîne de fabrication". [Cerig,
avril 2008]
Cela illustre bien le fait que l’industrie papetière cherche toujours à exploiter au maximum la matière première qu’elle utilise ce qui va dans le sens d’une minimisation du gaspillage. Elle saura donc s’imposer dans un domaine clé : celui des biocarburants.
De plus en plus d’usines fonctionnent au maximum en circuit fermé en eau de façon à limiter grandement leur consommation en eau fraîche.
Les principaux acteurs sont bien évidemment les papetiers. Ce sont
les seuls garants de l’intégrité de leur industrie et de sa défense face aux
diverses attaques des associations environnementales qui visent bien souvent à
la faire passer pour responsable des multiples problèmes bien connus tels que la
déforestation, l’effet de serre, la pollution des eaux, etc.
Interviennent bien évidemment aussi les clients de l’industrie papetière :
les imprimeurs et les transformateurs dans un premier temps, les
consommateurs dans un second temps.
Enfin et surtout, les autorités imposent des législations qui
peuvent atteindre l'industrie papetière au niveau des matières premières qu’elle doit
utiliser, au niveau des taux maximum en MeS, DCO, DBO dans ses rejets, etc.
Les variables essentielles qui régissent le fonctionnement de l'industrie papetière sont :
C’est la combinaison de tous ces paramètres, bien ajustés les uns par rapport aux autres qui pourra faire de chaque usine, une usine respectueuse de l’environnement.
Pour améliorer son image vis-à-vis du grand public, les facteurs clés sont les suivants :
Ces différents éléments sont synthétisés dans un diagramme de Porter afin de mieux cerner l’environnement concurrentiel autour de cette industrie et son impact sur son image [Figure 11].
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Figure 11 - Diagramme de Porter sur l'industrie papetière | ||
Le diagramme de Porter met en lumière les nombreux paramètres intervenant dans l’image du support papier et de sa production. Les industriels papetiers ont tout intérêt à surveiller de près les nouveaux supports qui pourraient voir le jour et tenter de détrôner le matériau papier.
Forces | Faiblesses |
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Opportunités | Menaces |
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Tableau 8 - Matrice SWOT pour l'analyse stratégique de l'industrie papetière
Dans les années à venir, les industriels papetiers seront probablement confrontés à des législations de plus en plus strictes concernant leurs effluents et leurs rejets malodorants par exemple. Le procédé qui remplacera le procédé Kraft – qui génère des mercaptans, sources de mauvaises odeurs – existe déjà : il s’agit du procédé soude anthraquinone. Toutefois, les papetiers n’ont pas intérêt à utiliser ce procédé plus onéreux et moins efficace que le procédé actuel. Par ailleurs, ces problèmes d’odeurs étant gênants mais ne portant pas atteinte à la santé publique ou à l’environnement, les papetiers adopteront le nouveau procédé uniquement lorsqu’ils y seront forcés par la loi.
L’industrie du papier ne doit jamais oublier de communiquer au grand public les efforts réalisés pour protéger l’environnement afin de mieux se faire connaître et de mettre en échec les idées reçues qui circulent sans cesse.
Il est également intéressant de créer des matrices SWOT sur des installations courantes dans l’industrie papetière telles que le recyclage et la cogénération.
Forces | Faiblesses |
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Opportunités | Menaces |
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Tableau 9 - Matrice SWOT pour l'analyse stratégique du recyclage
Forces | Faiblesses |
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Opportunités | Menaces |
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Tableau 10 - Matrice SWOT pour l'analyse stratégique de la cogénération
En 2020, toutes les papeteries sont délocalisées en Asie parce que la main d’œuvre y est moins chère. L’Asie, n’ayant que très peu de ressources forestières, est obligée d’importer plus de matières premières qu’en 2008 pour faire face à la demande croissante de papier. Par ailleurs, elle doit aussi exporter de plus en plus pour fournir ses clients. Rien que par les transports que cela implique, les rejets de CO2 sont colossaux et les associations environnementales ne ratent pas l’occasion de s’insurger. L’image du papier ne fait que de se détériorer.
Le pétrole a totalement disparu et le papier a profité de cette opportunité pour revenir sur le devant de la scène : il apparaît comme le matériau le plus respectueux de l’environnement et il est présent partout. Il est même courant de trouver des papiers électroniques servant de support à des nouvelles générations d’écrans de télévision. De plus, les mentalités ont évolué et les gens sont habitué voire séduits par de toutes nouvelles applications de ce matériau : des constructions, des moyens de transport en papier-carton et même des vêtements.
L’image d’une industrie conditionne ses ventes et ses parts de marché. C’est pourquoi les industriels ont tout intérêt à surveiller de près l’opinion publique par rapport à leurs activités, d’où l’utilité des veilles technologiques qui permettent de suivre les évolutions du marché et les facteurs qui peuvent influencer l’image de leur industrie.
L'étude révèle que l’industrie papetière, bien que très impliquée dans des actions pour la préservation de l’environnement, a malgré tout une image très négative, étant considérée par l'opinion publique comme majoritairement responsable de la déforestation et de divers types de pollutions. Cette mauvaise image est fondée sur une mauvaise information du public : il est donc du devoir des papetiers de corriger ces préjugés en mettant plus en lumière les efforts environnementaux réalisés dans leur domaine, d’autant plus que ce secteur du papier se situe bien souvent en tête des innovations concernant le développement durable.
Par ailleurs, le diagramme de Porter montre toute la complexité de l’environnement concurrentiel qui entoure la valorisation de l’image de cette industrie et les matrices de SWOT sont autant de preuves que l’industrie papetière bénéficie de nombreux avantages et surtout d’un contexte très opportun quant à son développement.
L’industrie papetière est une industrie porteuse qui sait s’insérer dans les impératifs et les exigences de son époque pour apporter toujours plus d’innovations et de réponses aux problématiques rencontrées. Elle doit impérativement mettre en valeur ses activités et se faire connaître plus largement du grand public. C’est pourquoi l'un des grands axes de son développement devrait être la communication et la promotion de ses activités.
Commission Européenne - Direction Générale des Entreprises | Étude qualitative de l’image des industries de la filière bois auprès des états membres de l’Union européenne | Rapport final. Février 2002, 70 p. | ||
PEFC–France | PEFC (Programme Européen des Forêts Certifiées) : un système de certification pour une gestion durable de la forêt européenne. | Dossier de presse PEFC, octobre 2003, 15 p.. Consulter |
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Réseau Éco-Consommation | Les labels du bois [en ligne]. | Réseau Éco-Consommation. Fiche conseil n°108, juillet 2005 Consulter |
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KINDERMANN Heinz | Résolution du Parlement européen sur la mise en œuvre d’une stratégie forestière pour l’Union européenne [en ligne]. | Parlement européen Consulter |
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Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi - SESSI |
L’industrie papetière en chiffres - Édition 2008 [en ligne]. | Consulter | ||
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi - SESSI |
Le bois en chiffres - Édition 2008 [en ligne]. | Consulter | ||
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi - SESSI |
La chimie de base en chiffres - Édition 2008 [en ligne]. | Consulter | ||
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi - SESSI |
Les façonniers de l’habillement - Édition 2008 [en ligne]. | Consulter | ||
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi - SESSI. |
L’industrie française de l’emballage en chiffres - Édition 2008 [en ligne]. | Consulter | ||
Préfecture de Champagne Ardenne et Préfecture de la Marne - Direction régionale de l’agriculture et de la forêt de Champagne Ardenne - Direction départementale de l’agriculture et de la forêt de la Marne - Service de la Forêt et du Bois |
Gérer durablement sa forêt : la garantie de gestion durable [en ligne]. | Consulter | ||
Wikipedia | Épuration des eaux [en ligne] | Consulter | ||
Papeteries du Léman | Extension Station d’épuration usine de Thonon – concept détaillé [en ligne]. | Consulter | ||
Wikipedia | Cogénération [en ligne] | Consulter | ||
Copacel | Rapport annuel 2007 | Consulter | ||
Ademe | Organisation et fonctionnement d'une station d'épuration. | Consulter | ||
Copacel | Bois et papier : l'utilisation des sous-produits de la forêt. | Le papier, c'est la vie Consulter |
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